Arès

Au fil des siècles, l’existence de moulins autour du Bassin d'Arcachon démontre d'évidence que le pays produit des céréales que l'on a besoin de moudre pour obtenir de la farine, base d'alimentation par le pain, les galettes, les crêpes, les pâtisseries diverses. Les premiers furent des moulins à eau sur des ruisseaux. Les moulins à vent arrivèrent plus tard. Les chroniques et archives permettent de retenir deux moulins à Lège, sur l'estey de Campagne (était-ce au 13eme siècle la rivière de Lacanau, trop plein des étangs médocains qui n'avaient plus d'exutoire océanique ?). On peut dater ces moulins par un accord du 2 juin 1273 entre Pierre V de Bordeaux, en compagnie de son frère Pierre Amanieu, qui confirment un précèdent engagement pris par leurs parents le 22 mars 1263 envers le Chapitre de la Cathédrale Saint-André de Bordeaux, seigneur de la paroisse de Lège. Il s'agit d'une redevance à verser : douze deniers à chaque renouvellement de bail et surtout des escouartes de froment et de mil à déposer régulièrement à la barbacane du château de Lège (la barbacane est une sorte de défense en bois qui protège la porte, comme un porche). Ces textes ont encouragé le préfet, au 21eme siècle, à délimiter une zone protégée sur la dune de Campagne, au Nord de Lège, le long du canal actuel des Etangs, pour une motte féodale éventuelle où aurait pu se situer le château proche donc des deux moulins. Confirmation le 13 mai 1300, par un testament de Pierre V de Bordeaux, qui n'oublie pas un demi-frère, fils naturel de son père, et lui lègue tout ce qu'il possède au lieu de Lège, près du Bassin d'Arcachon… « à Guilhem de Bordeaux, ainsi qu’à sa femme et ses enfants ». Il s'agit des moulins, des terres autour, des biefs, des retenues et...des redevances au château ! Dans les recherches en archives les moulins hydrauliques sont plus repérables car nécessitant une autorisation pour s'installer sur un cours d'eau. Alors que le vent appartiendrait à tout le monde ? Toutefois les taxes d'Etat remplaceront les droits seigneuriaux et qu'un moulin à vent produise ou non, il sera imposable tant qu'il aura des ailes ! Les moulins en bois seront démontés, ceux en moellons, garluches ou pierres demeureront parfois comme des tours, moulin sans ailes, celui construit par le capitaine Allègre, vers 1838, en est un exemple à Arès. Léopold Javal achète la propriété du domaine aux enchères, après la mort d'Allègre. Il meurt en 1872. Le moulin fonctionne sans doute jusqu'en 1882. L'arrivée du chemin de fer est une trop forte concurrence pour la fourniture des farines. Sans ailes pendant quelques années, il sera plus tard couronné de créneaux... Les goûts nobiliaires de Mme Javal et surtout de son gendre Paul Wallerstein pourraient être à l'origine de cette décoration! L'hypothèse la plus crédible serait un mouvement d'humeur du mari de Sophie... 11 avait installé une lanteme-phare au sommet de la construction située à proximité immédiate du rivage. Le conseil municipal refusa le financement du pétrole nécessaire à l'éclairage... Comme un blason ou un château fort, les créneaux répondaient à l'économie mesquine des élus républicains!

Luc FREDEFON (rédacteur de la revue Côte et Terre éditée par Arès Temps Libre)