L'agriculture en Pays de Buch au XVIIIᵉ siècle

Robert Aufan

Quelques aspects

Lorsque Claude Masse (1652-1737), chargé de lever les côtes du Médoc et du Pays de Buch, il accompagne ses cartes de mémoires publiés entre 1707 et 1710 et complétés 1723. C’est à cette date qu’il écrit :

« Tout le pays aux environs des paroisses est en landes et bruyères d’une vaste étendue .N’y ayant de terres cultivées que celles aux environs des bourgs, villages et hameaux….le surplus du terrain étant de vastes plaines dont la superficie ne produit que des broussailles, ajoncs et arbustes appelés dans le pays « jaugues »ou en général landes ou bruyères qui ne sont propres qu’à paistre les chèvres, moutons, vaches à demi sauvages et petits chevaux. Quelques unes de ces landes sont plus élevées que les autres et restent à sec toute l’année, les autres plus basses reçoivent l’écoulement des eaux qui y croupissent longtemps….

La superficie de ces landes est noyée en temps de pluies, principalement l’hiver et l’été brûlée par l’ardeur du soleil ou en temps sec trop desséché ce qui est cause que les arbres ont peine à y croître, aussi ne s’y trouve-t-il que quelques bosquets de bois taillis excepté dans les terrains labourés qui sont vers le centre des bourgs, villages et hameaux, …qui reçoivent du fumier et engrais que les habitants y portent presque toutes les années pour faire produire leurs seigles, ne recueillant d’autres bleds que rarement. »

Ces engrais venaient essentiellement des très nombreux troupeaux de moutons pacageant dans la lande, des bovins élevés sur les bords du bassin, dans les prés salés, mais aussi du coup, le terreau qu’on y recueillait. Quant à la présence des eaux stagnantes elle s’expliquait par celle de l’alios qui, en de nombreux endroits, freinait la pénétration des eaux obligeant les pasteurs à utiliser des échasses

Il ne faut pourtant pas oublier les « mouches à miel » (le sucre de betterave n’existe pas encore…) car les ruchers, apiés, étaient très nombreux et fournissaient un complément de revenus.

Quelques ruches ("apiés"): cages en bois recouvertes d'herbes rigides (matoc)

A ce tableau assez sombre, il faut ajouter que les dunes côtières grignotaient petit à petit les terrains cultivables les plus proches.

Le résultat c’est une agriculture vivrière, souvent déficitaire car soumises aux aléas climatiques (ainsi en 1788) et dépendant souvent de l’extérieur. C’est ainsi que les bateaux qui portaient les résines testerines jusqu’en Bretagne, revenaient souvent chargés de céréales. La forêt y est en effet une source de revenus mais, elle aussi fragile, (incendie de 1716) et c’est surtout la mer au moins autour du bassin qui apporte les compléments alimentaires et financiers indispensables

Les cultures à la fin du XVIIIᵉ

(source Jean Cavignac - Arcachon et le Val de l'Eyre 1974)

Productions agricoles dans le nord du Pays de Buch (période révolutionnaire)

Pour La Teste, les 4600 hectares de forêts sont ceux de la forêt usagère (voir module forêts)

Une agriculture de subsistance

Nombre de boisseaux (=78,632 litres) de céréales et de pommes de terre par habitant, La ration annuelle pour subsister varie de 3 à 4.

Des chevaux de labeur

Le cheval était surtout utilisé pour les charrois en particulier pour tirer les charrettes qui portaient à Bordeaux les produits de la mer. C’est pour cela que le nombre de chevaux hongres (castrés) est aussi élevé. Ils étaient en effet plus dociles.

Les tableaux statistiques ont été réalisés en 1989 pour une exposition itinérante sur le Pays de Buch avant et pendant la Révolution. J’avais monté cette exposition avec mes amis, Michel Boyé, Fernand Labatut et Jacques Plantey, tous membres, comme moi, de la Société Historique d’Arcachon et du Pays de Buch.