Présentation

Toujours capables de jouer un coup fourré, les passes et son armée de vagues agressives attendent d'engloutir l'imprudent.

Jean-Claude Bergasse

Avant d’aborder le sujet, il serait opportun de parler de la formation du bassin d’Arcachon laquelle façonnera ce que nous appelons aujourd’hui les passes.

Si cet étranglement reste de nos jours l’unique sortie vers l’océan, il n’en reste pas moins vrai qu’elles présentent un véritable danger pour les bateaux qui rentrent ou qui sortent du bassin. Par ailleurs il faut aussi savoir qu’il n’en a pas toujours été le cas.

3000ans avant notre ère le bassin n’existait pas du fait que l’océan occupait tout l’espace, la Leyre longeait la côte nord en passant devant Andernos, avant d’aller se jeter au niveau du Porge .

Avant d’en arriver à sa topographie actuelle le bassin est passé par des phases intermédiaires mais nous ne retiendrons seulement que les deux transformations les plus importantes à savoir : l’érosion de la cote océane dans sa partie sud entraînant la disparition du promontoire du Bernet laquelle formera l’île aux oiseaux et la formation de la presqu’île du cap Ferret. Cette dernière reste le phénomène géologique le plus important puisqu’il fermera en partie le bassin. Pour s’en convaincre les dépôts éoliens ont fait avancer vers le sud cette bande de terre d’environ 400 mètres par siècle.

Si les passes sont le résultat de modifications géologiques importantes leur dangerosité est surtout liée au dénivelé existant entre le fond de l’océan et celui du bassin environ 30 mètres .Cette marche baptisée « lou rastey » est à l’origine d’un phénomène de ressac lequel soulève la vague rentrante au détriment de la sortante. Phénomène qui impose aux bateaux pour des raisons de sécurité de rentrer et de sortir durant des créneaux horaires stricts.

Dans les passes transitent des masses d‘eau importantes de l’ordre de 50.000m3/s avec des vitesses pouvant atteindre1,5 m/s. Les mouvements alternés de cette masse d’eau entraînent des déplacements de sable considérables, dont une bonne moitié se fixe dans les passes A titre d’exemple au 18 ème siècle seul deux bancs étaient identifiés « le pineau et le matoc » en se déplaçant ils en créeront trois autres « le chien le toulinquet et arguin ». Aujourd’hui ne subsiste que le banc d’arguin avec des caractéristiques dimensionnelles beaucoup plus importantes qu’au 19ème siècle compte tenue des courants de jusant qui creusent les fonds marins ce banc de sable tendrait a se rapprocher de la côte, mais il a surtout tendance a modifier la position des chenaux de sortie. Ces deux chenaux permettent aux bateaux de rejoindre l’océan, mais ils ne sont navigables qu’alternativement avec une périodicité de 80 ans environ.

Durant des siècles les marins du bassin ont affronté ces passes au péril de leur vie sur de frêles embarcations (chaloupes et pinassottes) et bon nombre d’entre eux y ont laissé leur vie. De ce fait, les passes du bassin d’Arcachon ont été au cours des siècles le plus grand cimetière marin de la cote atlantique …..