Présentation

En y regardant bien...

Des rives du Bassin d'Arcachon, l'Île aux Oiseaux se devine...

La consultation d'anciennes cartes géographiques met en évidence l'évolution de sa toponymie au cours des âges ; les diverses identités, parfois communes avec les îles voisines, compliquent la recherche : Arac, la Grande Ile anonime, la Matote, Isle de La Teste, Terray, Isle flottante ; certains vont même jusqu'à la prétendre d'Arcachon ! Toutefois, il est certain que l'île de la Teste reste au centre du Bassin comme des polémiques : les habitants en revendiquent l'usage au Seigneur du lieu, que ce soit le captal, le roi, ou, à sa suite, l'État tentaculaire qui, pour voler de son propre zèle (et noyer le poisson), la débaptise : elle se métamorphose en "Île des Oiseaux". De 1360 date une grosse en parchemin d'un bail à ferme de l'île consenti par le captal de Buch à Guillaume Bardin, moyennant 80 écus d'or. Les habitants du littoral du bassin y coupent l'ajonc ou le genêt, prélèvent des engrais, ou mènent leur bétail en vaine pâture : «l’herbe y est très bonne pour rétablir les bestiaux malades ». Pour faire pacager les bêtes, il faut parfois attendre les grandes marées pour les faire traverser : « Le bétail était réuni au lieu-dit la Pointe aux chevaux où il était attaché à des barques pour que le courant ne les gêne pas. Malgré la marée basse, le chenal était en eau et les bêtes devaient nager ». Cette activité perdurera jusqu’à la fin du XIXe siècle. En 1806, les habitants s'opposent au pouvoir central qui prétend faire défense à toutes personnes d'y aller chasser, pêcher, fouanner, attérir des filets, prendre des huîtres, couper du jonc, ni faire aucun enlèvement quelconque à peine d'être poursuivi. Le procès s'éternise ! Autant sanatorium pour animaux souffreteux que terrain de chasse, l'île faillit devenir réservoir à poissons, marais salant, ou même batterie - de cinq balles - pour contrer l'ennemi. Les bancs naturels d'huîtres s'amenuisant, l'île aux Oiseaux fut bel et bien le berceau de l'ostréiculture initiée par Napoléon III. Son activité cynégétique perdure et ses amoureux se la disputent encore aujourd'hui ; ses terrains vagues et ses esteys sont aussi arpentés par les estivants au gré des marées. Mais, au fil du temps, sous le coup de nouvelles réglementations, cet espace de liberté se réduit comme peau de chagrin !

Raphaël VIALARD

Auteur de l’ouvrage « L’île aux Oiseaux » (juillet 2013)

Quelques noms à retenir.