1791 Belleyme

Extrait de la carte N°25 de Pierre de BELLEYME

(Archives départementales de Gironde)

La remarquable carte de la Guyenne, publiée à partir de 1785, fut décidée, au XVIIIᵉ siècle, par l'intendant Charles Boutin qui désirait doter sa province d'une carte plus détaillée et précise que celle que réalisait Cassini pour l'ensemble de la France. Sa levée -faite aux frais de la Guyenne- débuta en 1761 pour s'achever en 1789 a été réalisée par Pierre de BELLEYME (né à Beauregard-et-Bassac (24) en 1747- décédé à Paris en 1819), ingénieur géographe du roi Louis XV, fut chargé, dès 1776, de la direction de la gravure des planches (dont trois inachevées) et de leur publication jusqu'en 1819. Le Dépôt de la Guerre acheva les travaux de gravure en 1840. Claire, facile à lire par sa grande échelle (1/43 200ᵉ)

Détail de la Carte de la généralité d’Aquitaine dédiée à Monsieur de Néville intendant de la province par son très humble et très obéissant serviteur de Belleyme, ingénieur géographe du Roi, 1786

Avec un total 35 feuilles de format 90 x 56 cm et 16 demi-feuilles de format 45 x 56 cm, elle constitue un outil précieux pour l'étude des circonscriptions administratives, de la circulation terrestre et fluviale, de la végétation et des cultures, des industries (forges, moulins, papeteries). Elle est également très utile pour retrouver des noms de lieux-dits anciens Avec la fameuse Carte Générale de France de Cassini au 1/86 400e et celle de MASSE au 1/28 000e pour le Médoc, celle de BELLEYME, au 1/43 200e ( « 2 lignes pour 100 toises » de l'époque), permet d’avoir, au nord d’une ligne Saint-Julien-en-Born – Mont-de-Marsan, une idée précise des Landes de Gascogne à la fin de l’Ancien Régime : chemins, étendues de landes, lagunes et ruisseaux, pinhadars bien moins étendus qu’aujourd’hui, quartiers (hameaux) et formes principales du relief donnent une tout autre vision de ce pays que les bons esprits, acquis aux idées des Physiocrates, envisageaient sérieusement à coloniser. Une fois les levés vérifiés et corrigés, les dessins sont préparés pour la gravure. C’est Joseph-Dominique Seguin qui assure la gravure au début de l’entreprise. D’autres lui succèdent, choisis pour la délicatesse de leur travail : ainsi un graveur de paysage se voit-il confier la gravure du bassin d’Arcachon. Les opérations avancent lentement : les quatre premières feuilles ne sortent des presses qu’en 1785. Ce long travail, interrompu par la Révolution, repris sous l’Empire en 1804, puis suspendu à nouveau jusqu’en 1828, se continuera jusqu’en 1840. Un marché a été passé pour l’exécution des gravures de la carte particulière de la province de la Guienne passé entre l’intendant Charles Robert Boutin et Dominique Seguin, géographe du roi, 2 juin 1756. (Archives départementales de la Gironde, C 2413)

Pierre de BELLEYME

(Archives départementales de Gironde)

Pierre de Belleyme (1747-1819) Né le 14 mars 1747, à Beauregard, paroisse de l’élection et diocèse de Périgueux, fils de Pierre, maître chirurgien, et de Françoise Crevet. Officier du génie, il est chargé, le 6 novembre 1766, « en qualité de sous-ingénieur géographe de Sa Majesté, de la levée, vérification, correction et direction des travaux relatifs à l’exécution de la Carte topographique de Guyenne ». Sur le terrain, de 1766 à 1774, il contribue aux levés : - de la feuille n° 3 du n° 103 de la Carte générale de France dite Carte de Cassini, incluant la ville de Blaye avec le fort Paté et le fort Médoc, en 1767. - du quart Est du Périgord, n° 1 de la feuille 35 (feuille 23 de la Carte de Guyenne), contenant les villes de Montignac-le-Comte et Sarlat, en 1768. - de la feuille n° 4 du 35 (feuille 31 de la Carte de Guyenne), en 1770. - du quart Nord-Ouest, feuille n° 1 du 37 (feuille 39 de la Carte de Guyenne), en 1771. Il établit les calculs du quart Sud-Est de la feuille 73 (feuille 54 de la Carte de Guyenne). A partir de 1775, il assume, depuis Paris, la direction technique de la Carte de Guyenne qui portera par la suite son nom. En lien avec l’intendant de Guyenne, il suit et contrôle les travaux des ingénieurs géographes, examine et corrige les vérifications avant de préparer les opérations nécessaires pour la gravure. A compter de 1780, la gravure des planches l’occupe de plus en plus : il traite avec les graveurs, surveille et corrige leur travail, règle les dépenses. En 1791, il présente la Nouvelle Carte générale de la France, divisée en 85 départements, subdivisés en districts, avec tous les chefs-lieux de cantons, au roi Louis XVI et à l’Assemblée nationale. La même année, il édite les premières cartes départementales de l’ancienne Aquitaine. Le 14 septembre 1793, les cuivres, dessins originaux et autres matériaux ayant servi à l’élaboration de la Carte de la Guyenne sont saisis par les commissaires de la Convention et déclarés « propriété nationale ». A leur demande, Belleyme rédige, en double exemplaire, un « Etat des planches de cuivre de la carte topographique de l’ancienne généralité de Guyenne » et remet au comité d’Instruction publique de la Convention une collection complète des feuilles tirées. Le 4 brumaire an IV (26 octobre 1795), la Convention lui rend hommage par décret : « La Convention nationale […] décrète qu’il sera fait mention honorable au procès-verbal du travail du citoyen BELLEYME, ingénieur géographe, employé par le comité de Division à la confection du tableau de population des départements.. » et le nomme chef du dépôt de topographie aux Archives de la République, poste qu’il occupera jusqu’à sa mort en 1819