Le Patrimoine, un outil de mémoire
Ce bassin d'Arcachon qui nous semble éternellement jeune et qu'on croit croît immuable est des plus variable. Nous avons entr'aperçu les landes d'avant les pins, nous avons suivi sur les routes les convois de mules nonchalantes traînant des charrettes remplies de billons de bois, nous sommes allés sur les parcs travailler les huîtres à la fourche et au râteau. Rien de tout cela n'existe plus.
Deux dates surtout, pourtant proches de nous, marquent des changements majeurs dans les techniques et les modes de vie : une première fois celle de 1857 qui connut l'introduction du tourisme autour du Bassin, du pin dans les landes, et de l'ostréiculture sur les parcs, du phare sur la presqu'île, la seconde fois en 1960 avec les changements de techniques dans l'élevage des huîtres, la disparition du gemmage et des transports muletiers, les genres de vie… Des changements dans le paysage sont sensibles chaque année dans les passes, les bancs, la presqu'île, les plages, les dunes. Mais nous avons connu bien d'autres changements, moins marqués mais toujours perceptibles dans les habitudes et les genres de vie. Les visiteurs et les nouveaux habitants, qui disent tous qu'ils ont adopté le Bassin ne se rendent pas toujours compte de ce qu'il a été. Il devenait urgent de leur rappeler qu'il ne fut jamais un désert, quoiqu'on en ait dit, et que ses habitants ont développé des trésors d'ingéniosité pour sadapter à tout moment aux travaux de la terre et de la mer.
Aimer le Bassin, c’est aller à sa découverte. Le Conservatoire patrimonial est là pour ça. Il développe en ses modules des aspects passés, des techniques oubliées, des rages de vivre inouïes. Conserver ce qu’on a su garder jusqu’à présent, donner à voir ce que la mémoire des habitants ne saurait oublier, c’est retrouver la chair vive d’un Bassin éternellement changeant – et toujours jeune.
Charles DANEY
Secrétaire perpétuel de l'Académie du Bassin d'Arcachon