Les paléosols
Robert AUFAN
L'origine du nom "pilat"
Toponyme ancien et fréquent sur le littoral « lous pillars »(1484), le « pila » (1556) = le tas de sable, ce toponyme a migré du nord au sud en fonction de l’évolution du rivage.
Extrait de la carte d'Etat-Major (1860): toponymie au nord de la dune de la Grave, relative aux constructions et fonction du lieu.
Extrait de la même carte: toponymie relative aux dunes
Paléosols (sols anciens)
Il y en a beaucoup dont 4 principaux qui retracent l’histoire de la dune et témoignent des empilements dunaires successifs). Les sols ainsi découverts se trouvaient à l’intérieur des terres, c’est la transgression marine qui a fait reculer la côte.
Les datations sont indiquées en BC (avant-before- Christus = avant Jésus Christ) ou BP (avant le présent)
Sources : Professeur Tastet (Université de Bordeaux)- Observatoire de la Côte Aquitaine- rapport du BRGM de Décembre 2010, visibles sur Internet.
N°0: est invisible, il est constitué de graviers (-10.000 à - 6000 BP env.), le niveau de la mer était alors à -25 mètres
Paléosol I
altitude +2,4 +2,6 –3500 BP (before présent )
C’est un sol aliotique humifère avec écoulement d’eau douce (issue de la nappe phréatique) végétation de pins sylvestres, chênes, noisetiers, bouleaux, aulnes.
Entre + 2,6 +2,7: sol tourbeux avec des souches de pins qui aurait été recouvert par du sable en 3680 +/- 110 BP. Ce sont les témoins d’une forêt qui s’étendait en arrière d’un petit bourrelet dunaire, sous un climat froid (pins maritimes et sylvestres).
Le niveau de la mer est passé de -25 à 0 (le rivage est proche de l’actuel)
Paléosol II
A 5m : sol tourbeux (2980 +/- 110 BP qui comporte des vestiges de l’âge du fer en particulier des traces de production de sel (VII° au VI° siècle BC) et récemment une urne funéraire. (source : site internet Les trésors engloutis de la dune du Pilat)
5 à 6,5 mètres: sable dunaire : le niveau de la mer est redescendu à -5 m; les bancs de sable ont été découverts, le vent a repris le sable et l’a accumulé, emprisonnant en arrière l’étang du Pilat c’est le niveau à diatomées d’eau douce. (Tastet 400 BC )
6,5 à 7 mètres : alios léger et tourbe à joncs.
de 8 à 40 mètres, ont commencé à s’installer entre 500 et 1000 de notre ère, des dunes anciennes ou paraboliques (forme en U) sur lesquelles ont poussé des forêts dont la trace est visible sur le paléosol III.
Paléosol III
(40 mètres) c’est un sol qui épouse la forme des dunes anciennes, un sol témoin d’une forêt, la forêt usagère de La Teste, productrice de résines et goudrons portant des traces d’anciennes cabanes (sols à débris de cuisine étudiés en 1973 par P.J Labourg ) et de fours à poix, les hourns . Ce sol va rester stable du Moyen Age à la fin du XVII° siècle, les monnaies que j’y ai retrouvées s’échelonnant de 1558 à 1650.
Paléosol III, au fond, le hourn découvert en 1980 – Photo R.Aufan
A partir du XV° siècle, un petit âge glaciaire entraîne la formation de dunes modernes barkhanoïdes qui, petit à petit, vont recouvrir les dunes anciennes. Cette invasion connaît à La Teste, deux périodes très actives, peut-être favorisées par des destructions en certains endroits de la forêt (incendies ?) vers le XIII° et vers le XVIII°.
Pendant cette période, la presqu’île du Ferret (qui est apparue vers 800) continue à s’allonger. Entre presqu’île et côte sud, se forment des bancs qui migrent du Nord au Sud puis se raccrochent à la côte sud (bancs de la Pile et la Matte au XVI°, du Matoc au XVIII°).
Ainsi en 1708 la dune ancienne, située à 3 Km de la mer, en est ainsi séparée par une lagune, "le bassin du Pilat", fermée en partie par un banc de sable.
Le sable ainsi accumulé puis balayé par le vent, va former entre 40 et 60 mètres, la dune du Sabloney qui va petit à petit recouvrir la forêt
Ce mouvement a été le même sur tout le littoral, les sables blancs menaçant même le bourg de La Teste si bien qu’en 1787 commencent les semis de pins.
La dune, dite alors « dune de la Grave », est fixée en 1829/31 ainsi que celle de Menoy (1832) et la nouvelle forêt est exploitée jusqu’en 1860 comme en témoigne le paléosol IV.
Paléosol IV
Vers 60 m, il comporte des souches de pins et des pots de résine ayant un trou supérieur pour la fixation par un clou (technique remplacée ensuite par un clou inférieur servant de support).
Pot de résine antérieur à 1860 (Photo R. Aufan).
Paléosol IV en 1980 (Photo R. Aufan)
Vers 1854, la passe est au sud, la mer ronge la dune : l’érosion reprend, remobilise le sable qui recouvre la végétation, d’où la formation du dernier « pila » qui atteint 114 mètres vers 1930 et qui depuis a régulièrement baissé car, à cause du déplacement des passes vers le sud, la dune est moins alimentée (108,2 mètres en 2010)