Historique

Matthieu Cabaussel

D’après Robert Aufan, le premier « atelier de distillation » testerin, qui fut aussi le premier dans la région, apparaît vers 1810, aux Pigues, (entre les rues Gaston de Foix et Henri Dheurle). Il est créé par Lesca fils aîné qui avait déjà, en 1808, lors des adjudications effectuées par la Commission des dunes, acquis des « escoubils » servant à faire le goudron (c’étaient, d’après Moureau, les filtres de paille dans lesquels passait le galipot avant d’être transféré dans le barque), il avait aussi fabriqué de la térébenthine et mis au point la « colophane de plateau » ou « du soleil » en exposant ses brais secs au soleil pour les éclaircir, technique qui était encore utilisée après la seconde guerre mondiale

Suivront en 1821 la distillerie d’huile de térébenthine de Bayle et Duha (au Baou, à l’ouest de l’église de la Teste), celle de Dejean en 1824 (à l’angle de la route de Bordeaux et de la craste d’Arriet) , de Dumora en 1825, (au Cousseau, près de la craste d’Arriet,) et de Castera en 1826 (au lieu-dit Péllèle où il est propriétaire entre les rues Lhermitte et Pasteur).

En 1826 ces ateliers traitaient chacun 1265 tonnes de résine molle et de barras et exportaient vers la Bretagne leurs résine cuite, essence de térébenthine et brais gras.

En 1836, la Teste compte cinq usines de distillation, traitant chacune près de 1300 tonnes par an. Le testerin Frédéric Lesca symbolise à l’époque l’esprit d’innovation qui mènera à de grands progrès dans la récolte et le traitement de la gemme. Il mit au point un procédé consistant à faire sécher la colophane sur un plateau exposé au soleil. Ces « colophanes du soleil » ayant la particularité d’être extrêmement pâles (et non foncées comme les colophanes de qualité médiocre) furent rapidement réclamées sur toutes les places européennes. Les productions testerines assurèrent aux résines landaises un renom considérable. Les Américains tentèrent à leur tour de produire des produits plus clairs, mais n’égalèrent jamais les colophanes testerines « extra-pâles »

Plus tard d’autres industriels recevront des autorisations, reprenant souvent les ateliers existants : Conseil en 1863, Lestout en 1864 au Haou (il brûlera en 1889), Moureau (reprenant en I865 celui de Duha), la coopérative (en 1897 sur l’emplacement de l’atelier Dejean démoli en 1882), Boisot (en 1921 près de la gare).

En 1897, est fondée la coopérative des résineux de la Teste, la première dans les Landes. Installée à l’emplacement d’une ancienne usine disparue en 1882, deux résiniers y traitaient toute la gemme, un groupe de propriétaires en assurait l’adjudication. Elle regroupa rapidement plus de 150 propriétaires sur le sud bassin. La coopérative s’occupait de toute la filière avale de la récolte: de la réception de la résine à la vente des produits transformés. Elle ferma en 1977, 160 ans après la création de la première usine de distillation testerine. D’autres coopératives se créèrent dans le sud du Pays de Buch et le nord du Pays de Born, pour se regrouper avec celle de la Teste. En 1938, toutes les usines landaises ont été regroupées au sein de « l’Union Coopérative des Résineux », siégeant à Bordeaux et contrôlant toute la production, en particulier les prix de vente et la rémunération des résiniers.